28 août 2010

Rêver un impossible rêve...


Don Quichotte, Pablo Picasso


La Quête
Jacques Brel

Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure

Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,

Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé

Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.


 

26 août 2010

Mon amie la Rose




On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
A l'aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille

Pourtant j'étais très belle
Oui j'étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin

On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin

Vois le dieu qui m'a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon cœur est presque nu
J'ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus

Tu m'admirais hier
Et je serai poussière
Pour toujours demain.

On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Est morte ce matin

La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j'ai vu
Eblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait

Crois celui qui peut croire
Moi, j'ai besoin d'espoir
Sinon je ne suis rien

Ou bien si peu de chose
C'est mon amie la rose
Qui l'a dit hier matin.

Cécile Caulier, auteur de la chanson interprétée par
Françoise Hardy en 1964.

Rosa Centifollia, Redouté

21 août 2010

Nasreddin Hodja : trois nouvelles histoires.




Nasreddin organisait des fêtes formidables chaque semaine. Le roi jaloux, fit appeler Nasreddin. Quand il le reçut, il lui demanda :
- Nasreddin, comment fait-tu pour organiser de si belles fêtes ?
- Eh bien..je parie. Et je gagne toujours.
- Ah oui ? D'accord. Veux-tu parier pour 10 dinars ?
- D'accord. Parions que...que demain, tu te réveilleras avec un tatouage sur la fesse  gauche.
- Un tatouage ? D'accord, mais cela est impossible.
Le lendemain matin, dans la chambre du Roi :
- Nasreddin , tu t'es trompé, il n'y a aucun tatouage sur ma fesse .
- Montre-moi, je veux en être sûr.
Alors, le roi baisse rapidement son pantalon.
- Tu vois, tu as perdu.
Nasreddin accepta sa défaite.
Le soir même, Nasreddin organisa une fête, encore plus grande que la précédente. Le roi, furieux, appela Nasreddin et lui dit :
- COMMENT AS-TU PU ORGANISER CETTE FETE ?
- Eh..bien je parie..et je gagne
- C'est faux ! J'ai parié avec toi et tu as perdu !
- Mais j'ai aussi parié avec le vizir...
- Ah oui ? Et qu'as tu parié ?
-Eh bien... J'ai parié que s'il se cachait dans ta chambre, il te verrait me montrer tes fesses !


Pain quotidien

Des gardes viennent arrêter Hodja. Le sultan veut le confronter avec les sages les plus éminents du pays, qui l'accusent d'hérésie. Pour sa défense, Hodja demande qu'on donne de quoi écrire aux savants. Il les invite à répondre par écrit à une seule question : « Qu'est-ce qu'un pain ? »

Et puis, il lit les réponses à l'assemblée :
Pour le juriste, le pain est une nourriture.
Pour le physicien, c'est de la farine et de l'eau.
Pour le théologien, un don du Ciel.
Pour le géographe, une pâte cuite.
Pour le philosophe : cela dépend de ce qu'on entend par "pain".
Pour le médecin, c'est une substance nutritive.
Enfin, pour l'historien, personne ne sait ce que c'est.

Puis, il se tourne vers le sultan et dit :

- Seigneur, ils sont incapables de se mettre d'accord pour définir une chose qu'ils mangent tous les jours. Comment pourraient-ils décréter de commun accord que je suis un hérétique ?



 La boisson

- Oh ! Fatima chérie, dit Djeha-Hodja Nasreddin, la boisson te rend si belle.
- Mais je n'ai rien bu, dit sa femme.
- Bien sûr, rétorqua Djeha, c'est moi qui ai bu.






20 août 2010

Nasreddin Hodja, histoires


Nasreddin Hodja, gravure du XVIIe s.


Nasreddin Hodja et le pommier

Djeha-Hodja Nasreddin plantait un pommier dans son jardin quand le sultan vint à passer ; il s'arrêta et dit à Djeha-Hodja Nasreddin, d'un ton moqueur :
- Voyons, Djeha-Hodja Nasreddin ! Pourquoi te donnes-tu tant de peine ? Tu ne mangeras jamais les fruits de ce pommier. Tu sais bien que tu mourras avant qu'il ne commence à produire des pommes.
Ce à quoi Djeha-Hodja Nasreddin répondit :
- Oh Sultan ! Nous mangeons les fruits des pommiers plantés par nos pères, et nos enfants mangeront les fruits des pommiers plantés par nous.
Cette réponse pleine de sagesse plut au sultan qui, en récompense, donna une pièce d'or à Djeha-Hodja Nasreddin.
- Oh Sultan ! , dit Djeha-Hodja Nasreddin en empochant la pièce, voyez comme ce pommier a déjà donné des fruits.
Cette remarque fit rire le sultan, qui lui donna une autre pièce d'or.
- C'est de plus en plus extraordinaire, s'écria Djeha-Hodja Nasreddin. Voilà un pommier qui donne deux récoltes par an.
Le sultan se mit à rire aux éclats et donna une troisième pièce d'or à Djeha-Hodja Nasreddin.


Les figues

Nasreddin Hodja décide d’offrir à Tamerlan (chef des Huns) quelques figues de son jardin pour se concilier ses bonnes grâces. Le Hodja ignore à quel point le Tartare a ces fruits en horreur.
A peine Nasreddin les lui a-t-il donné que Tamerlan en prend une bien mûre et la lui lance au visage.
- Allah est grand ! s’exclame Nasreddin sans broncher, quoiqu’il soit tout couvert du jus et de la chair éclatée.
Agacé Tamerlan en prend une autre et recommence.
- Grâces te soient rendues, Allah !
Et Nasreddin a l’air aussi content que si on lui annonçait une livraison de halva.
- Arrête, fils de chacal ! cria Tamerlan exaspéré. As-tu fini de rendre aussi stupidement grâce au ciel ? Tu ne vois pas dans quel état j’ai mis ta tête et ton turban ?
- Je comprends ta surprise, ô mon maître, mais quand je pense que j’ai failli t’apporter des melons !

 Le soleil ou la lune

On aimait bien embarrasser Nasreddin Hodja avec des questions oiseuses ou carrément impossibles à résoudre. Un jour, on lui demande :
- Nasreddin, toi qui es versé dans les sciences et les mystères, dis-nous quel est le plus utile du soleil ou de la lune
- La lune sans aucun doute. Elle éclaire quand il fait nuit, alors que ce stupide soleil luit quand il fait jour.

Miniature ottomane de l'étude de la lune et des étoiles, XVIIe s.


19 août 2010

Un air d'Istanbul...



La première chanson que j'ai entendue sur Istanbul.
Je l'aime infiniment.


Bekle bizi Istanbul (Attends-nous Istanbul)



15 août 2010

Danse orientale (II)


La danse de l'Almée, Jean-Léon Gérôme


Trois grandes danseuses orientales...


Tahia Carioca, la légende égyptienne


Samia Gamal, une autre légende


Didem, la relève turque des années 2000

Danse orientale (I)


Arabian Nights, Hans Zatzka


La danseuse orientale

Par un jour, la cour du prince convia une danseuse
Accompagnée de ses musiciens.
Elle fut présentée à la cour,
Puis elle dansa devant le prince
Aux sons du luth, de la flûte et de la cithare.
Elle dansa la danse des flammes et celle des épées,
Elle dansa la danse des étoiles et celle de l’univers,
Puis elle dansa la danse de la séduction et de l’envoûtement.
Et le prince d’être subjugué.
Il la pria de s’approcher.
Elle se dirigea alors vers le trône
Et s’inclina devant lui.

  "Belle femme, fille de la grâce et de la joie, d’où vient ton art ?
Comment peux-tu maîtriser la terre et l’air dans tes pas,
L’eau et le feu dans ta cadence ?"
La danseuse s`inclina de nouveau devant le prince et dit:
"Votre Altesse, je ne saurais vous répondre,
Mais je sais que :
L’âme du philosophe veille dans sa tête,
L’âme du poète vole dans son cœur,
L’âme du chanteur vibre dans sa gorge,
Mais l’âme de la danseuse vit dans son corps tout entier."

Khâlil Gibran 


The Harem dancer, Hans Zatzka



In the harem, Fabio Fabbi

12 août 2010

Une île...



Kuşadası, Turquie


Une île
Une île au large de l'espoir
Où les hommes n'auraient pas peur
Et douce et calme comme ton miroir
Une île
Claire comme un matin de Pâques
Offrant l'océan langueur
D'une sirène à chaque vague
Oh viens
Viens mon amour
Là-bas ne seraient point ces fous
Qui nous disent d'être sages
Ou que vingt ans est le bel âge
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer


Une île
Une île au large de l'amour
Posée sur l'autel de la mer
Satin couché sur le velours
Une île
Chaude comme la tendresse
Espérante comme un désert
Qu'un nuage de pluie caresse
Oh viens
Viens mon amour
Là-bas ne seraient point ces fous
Oui nous cachent les longues plages
Viens mon amour
Fuyons l'orage
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer


Une île
Et qu'il nous reste à bâtir
Mais qui donc pourrait retenir
Les rêves que l'on rêve à deux
Une île
Voici qu'une île est en partance
Et qui sommeillait en nos yeux
Depuis les portes de l'enfance
Oh viens
Viens mon amour
Car c'est là-bas que tout commence
Je crois à la dernière chance
Et tu es celle que je veux
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer
Une île.

Jacques Brel, Une île, 1962

7 août 2010

les 1001 nuits de Fazil SAY


Constantinople, Vue Du Bosphore.   

Gravure sur acier, gravée par Le Petit. 1841


"J'ai le Bosphore dans ma tête. 
Mon inspiration est un pont entre l'Europe et l'Asie,
c'est pourquoi mes œuvres sont inclassables et se nourrissent
de toutes les influences qui traversent la Turquie."








et un "petit air connu" revisité...



2 août 2010

Nazar boncuk


De retour de mon paradis turc, 
l'esprit et le coeur encore là-bas, 
je vous retrouve avec plaisir et vous offre le nazar, 
ce petit oeil turc qui conjure le mauvais sort.

 
De tous les symboles frappants qui font la spécificité socioculturelle de la société turque, le fameux œil en verre, petite perle prisée par les Turcs pour conjurer le mauvais œil, reste la manifestation, par excellence, de l'ancrage de la superstition dans la culture populaire de ce grand et mythique pays qu'est la Turquie.

Objet fétiche de larges couches de la population, «Nazar Boncuk», comme on l'appelle en turc, est une représentation de l'œil destinée, selon la croyance ancestrale anatolienne, à chasser, faire face et déjouer les malheurs que peut répandre le mauvais œil.

Dessiné ou incrusté sur du verre bleu foncé et peint en blanc et jaune, l'œil de verre prend diverses formes, allant du petit objet suspendu aux porte-clés, aux grands tableaux décoratifs, en passant par des formes de pins et de médaillons qui ornementent portes de maisons, accès de bureaux et autres lieux de travail. L'amulette, généralement associée à l'expression turque «Masallah» (Machaâ Allah), est ostensiblement exhibée à l'intérieur des locaux administratifs et de services, en particulier les banques, comme on la trouve suspendue aux rétroviseurs des taxis, autobus et de la majorité des véhicules de particuliers.

Dans une société où le pouvoir du mauvais œil est communément reconnu et craint par tous, dans la vie quotidienne, «Nazar Boncuk» s'est attribué, sans conteste, le rôle et la fonction de protéger à la fois les biens et les personnes.
Dans la croyance populaire anatolienne, le regard «Nazar» associé à trop de compliments ou de flatteries, finit par prendre la forme de la jalousie et avoir un effet négatif qui se répercute aussi bien sur la personne que sur les biens ou les objets.

C'est la raison pour laquelle presque toutes les mamans turques attachent, avec une épingle à nourrice, le fameux œil bleu sur les vêtements de leurs bébés.

Hassan Aourach, MAP 3 avril 2006


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