23 avr. 2011

Caresse, Fragonard




La femme au canapé, Kees Van Dongen, c1930



Un flacon noir et or, chic et rétro.
Un nom qui appelle à la douceur, qui évoque l’intime.
Une maison ancienne du sud de la France qui abrite cette petite merveille de 1929, "réinterprétée" en 2008 par un nez comptant de gros succès de parfumerie à son actif : Jean Guichard, créateur de Loulou, Secret Obsession et Deci-Delà, pour ne citer qu’eux.
Il n’en fallait pas davantage pour piquer ma curiosité. Bien m’en a pris !

Dès les premiers instants, on se sent en présence d’un parfum confortable, moelleux, riche, au sillage à la fois troublant et réconfortant, une odeur connue sans être pour autant immédiatement identifiable, un air de déjà-senti au sens positif du terme… un souvenir, une réminiscence, un parfum déjà porté ?
Un parfum "classique", toujours au sens le plus noble du terme.

Quelques hespérides en tête, mais veloutés, comme un jardin d’orangers, en Méditerranée, au soir tombant.
Une rose épanouie enveloppée d’un voile de patchouli, réhaussée de prune et de bois : l’espace d’un instant, je pense à Secret Obsession (tiens, tiens…) et à Organza Indécence. Une pensée, pas une copie conforme.
Le jasmin est perceptible, un jasmin frais, fleuri sans être entêtant, comme il en pousse autour de la Méditerranée. Un rien aldéhydé, peut-être… Hummm, je pense à Joy et à Arpège, tout à coup : ce ne sont pas les plus mauvais parfums de la création !
S’imposent alors les effluves fruités et veloutés de la pêche et de l’abricot, effluves qui embaument l’air des pays du Sud. Les fruits ne sont ni juteux ni sirupeux, mais délicatement chauffés au soleil, cuits, confits, et le parfum prend des allures de Nahéma (pêche /rose). Et  surtout, surtout, en filigrane mais supportant l’harmonie du parfum, c’est Mitsouko que je reconnais (pêche confite/boisé chypré).
Ce parfum du sud, revendiqué comme hommage à la Riviera, prend des accents orientaux doux et langoureux.
L’ensemble est velouté, fondu, harmonieux, les notes s’unissent à la perfection.



Dieu des parfums, où donc ai-je mis le nez ? Ce parfum d’une belle complexité, et pourtant si facile à porter ne lésine pas sur les notes précieuses et les matières nobles ayant fait le succès de grands classiques.
Un fond baumé, musqué, crémeux complète à merveille la "recette" et renforce la beauté classique de cette fragrance inouïe.
Inouïe par son sillage, inouïe par son équilibre, son confort, et cette classe folle qu’elle dégage.


Bien que très présent et d’excellente tenue au fil des heures, ce n’est pas un parfum envahissant. Non, c’est plus délicat, plus ténu, féminin en diable et toujours ce moelleux, ce confort, ce réconfort : une odeur de peau, une peau parfumée, certainement… mais oui, c’est cela : un soupçon de vanille crémeuse se mêle au musc pour enrober l’ensemble d’une douceur infinie.

Une caresse, oui, c’est bien de cela qu’il s’agit ! Caresse légère comme une plume, caresse maternelle rassurante, caresse enfantine si touchante, caresse d’une chevelure parfumée sur une joue, caresse d’un velours, d’une étole de cachemire, d’un foulard de soie.
Caresse angélique, on touche à la grâce (Grasse ?)...


Les classiques, les parfums qui sentent le parfum ont encore de beaux jours devant eux !



 VDD 
 
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