17 nov. 2010

Five o'clock au gingembre, Serge Lutens


Frédéric Soulacroix, Tea on the terrace



Autant dire que je l'ai snobé allègrement à sa sortie, un très rapide test sur mouillette ne m'ayant rien révélé d'autre que ce que son nom évoque : le rituel anglais du tea-time, earl grey fumant dans de la porcelaine à fleurs, et petits biscuits au gingembre.

Je l'ai donc qualifié rapidement de "jus de flotte aromatisé au thé" pendant bien longtemps.
Jusqu'à une fiole retrouvée que j'ai testée distraitement, ne sentant cette fois qu'un vague truc musqué-sucré sur fond de thé ambré.
Bref, je l'oublie une fois de plus.

Et hier soir, hier soir, voilà que Five o'clock me réclame !!! Comment est-ce possible alors que je ne pense jamais à lui ? Il doit avoir des choses à me dire, et je cède à l'appel.

Un départ qui reste thé à la bergamote et biscuits au gingembre. Je m'attends à un parfum bien élevé pour nostalgiques des séjours britanniques. Un charmant clin d'oeil à Agatha Christie...

MAIS NON !!! Rapidement, il se chauffe sur ma peau, envahit mon nez, m'enveloppe d'une chaleur épicée et animale et là, oh là là, les images défilent !
Exit la perfide Albion, c'est de nouveau le grand écart entre les deux Orients chéris de Serge !
C'est l'arrière boutique d'une épicerie chinoise, parmi les stocks d'épices, le gingembre frais, les thés en vrac, les vapeurs des aliments qui cuisent, le bois des paniers de cuisson, et au loin, le charmant tintamarre qui émane de la boutique bondée.
Le gingembre est encore un rien piquant, poivré et citronné. Très présent, pas étouffant grâce à ce côté "fraîchement râpé".

Puis soudainement, je me sens toute bizarre. Pas "toute chose", non, pas vraiment, pas encore...quoique...la température monte, une chaleur diffuse m'envahit et mon corps se réchauffe, de même que mon nez .
C'est MON Orient, là !!!

Une arrière boutique, toujours, celle d'un de mes adorés boui-bouis de bazar ou de souk.
Des épices, toujours, plus parfumées et présentes, des bois précieux typiquement orientaux, et ce gingembre, ce gingembre...confit, moelleux, étourdissant, aphrodisiaque.
Ce gingembre que les femmes, là-bas, ajoutent à leur cuisine, à leurs desserts avec un sourire entendu.
Cette odeur qui fait tourbillonner l'esprit et le corps, incitant à l'abandon et au plaisir. L'ajout de cannelle amplifie les notes brûlantes, et le cacao, bien qu'il tente de tempérer le fond, accompagné de vétiver piquant, n'y parvient pas vraiment.
Le miel, en toute fin, ambre légèrement l'ensemble, mais bizarrement, une note animale envahit mon nez...un musc, peut-être.
Une odeur de peau, celle d'après l'effort, celle d'après l'amour, peut-être. Une note chaude et rassurante, quoique très très...hummm...sensuelle, voire carrément érotique.

Ce matin, le parfum encore présent sur mon poignet s'est calmé.
Il est redevenu bien élevé, discret presque, ne serait-ce ce reste de gingembre qui rappelle des heures flamboyantes.

A nice cup of tea... 



VDD  
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