J'aime le cèdre ! L'arbre majestueux, du Liban ou de l'Atlas. Le bois de cèdre à la couleur et à la douceur si particulières.Le parfum boisé si réconfortant. J’ouvre fébrilement l’emballage, prête pour un grand voyage olfactif, prête à m’envelopper de cette fragrance.
Ouch ! Qu’est-ce donc ? Une piquante envolée d’agrumes envahit mon nez, un mélange acide et éternuant, suivi de l’odeur si particulière de la sauge, noyée dans un thé ultra dilué.
Ne serait-ce point-là une des célèbres infusions digestives que je bois en méditerranée, l' "ada çay"? Cela y ressemble en tout cas, et n’est pas désagréable en soi mais…où est le cèdre, dont je me délectais à l’avance ??? Tout juste distingué-je en fond quelques notes baumées de musc et d’ambre. Ah si, par moment, une brève et timide apparition d’une note à peine boisée…le voilà donc, ce Cèdre tant attendu ???
Cruelle déception !
Adieu estagnon bidon flacon échantillon…
Je n’utiliserai pas ce parfum au litron.
Diantre ! Ces vers sont bancals avec leurs treize pieds,
Pour un parfum pourtant si joli sur le papier !
Bon, objectivement, c’est une eau fraîche assez mignonne qui pourrait avoir un petit succès. Estivale par les agrumes, mais aucunement originale, même si correctement exécutée.
Une Cologne dont on s’asperge pour se rafraîchir lors des grosses chaleurs.
J’attendais sans doute beaucoup d’un Cèdre chez Fragonard, qui fait par ailleurs de très jolies choses, très abordables et originales.
Cette nouvelle collection d’Eaux mixtes propose par ailleurs un Patchouli, un Vétiver et un Santal, que j’avoue ne plus être pressée de tester, tant je crains l’absence de l’ingrédient principal.
Car ici, pour le coup, un Cèdre sans cèdre, c’est bien décevant !
Mais cela plaira à tous ceux que la note cèdre prononcée dérange…c’est déjà çà !
J'ai fouillé ce matin dans ma boîte à trésors parfumés, comme cela m'arrive parfois quand je recherche un souvenir parfumé...
Tout au fond, une fiole vide, pourtant conservée précieusement : les derniers effluves d'un parfum aimé y sont conservés.
Je l'ouvre précautionneusement, et les souvenirs reviennent, ainsi que le texte écrit à son sujet il y a un bon moment déjà...
Sweet Nothings, 1904
John William Goodward
Or des Indes
Ou histoire d’un amour qui faillit ne jamais exister…
Le nez et l’esprit sans doute déformés par des réminiscences de cuisine indienne, d’encens et d’huiles parfumées, je m’attendais à une explosion de senteurs épicées sur fond de jasmin et de santal, dans un tourbillon de soieries colorées. Ah, les clichés !!!
Le premier essai manqua de tourner à la catastrophe : je ne sentis qu’un relent de parfum tourné émanant d’une tenture poussiéreuse !!!
Le sort en eût été jeté de ce parfum, si je n’avais perçu une note verte, piquante, qui m’intrigua au plus haut point et me donna envie de redonner une chance à cet Or des Indes.
Moult essais plus tard, malgré cette fugace impression « tenture poussiéreuse », le charme opéra, virant à l’obsession de la découverte de ce qui se cachait au cœur du parfum, au-delà de cette note verte qui parfois cachait le poudré, parfois le révélait. Cette note verte dont j’ai longtemps attendu qu’elle s’efface, mais qui finalement donne tout son équilibre au parfum, n’en révélant que mieux sa profondeur, tout en l’empêchant de devenir mièvre.
Tout doucement, l’amour naquit. Aucune fulgurance dans ce sentiment, mais plutôt le confort et la douceur de retrouver chaque jour quelque chose de rassurant, connu.
Or des Indes est un oriental doux, poudré, feutré, réveillé par cette petite note fusante parfois, discrète souvent, toute enrobée de baumes et de vanille.
Une Inde d’une autre époque…
Non pas celle des Maharadjahs selon mon imaginaire, mais celle des colonies.
Oui, Or des Indes m’évoque une femme alanguie, le visage voilé de poudre de riz, sirotant son Earl Grey à l’ombre de son patio odorant.