7 févr. 2011

Nasreddin Hodja est de retour !




Nasreddin Hodja et le savant

Djeha-Hodja Nasreddin avait un bac qu'il utilisait pour faire traverser la rivière aux gens. Un jour son passager fut un savant décidé à tester le savoir de Djeha-Hodja Nasreddin et à lui donner une leçon.
- Dites-moi, Djeha-Hodja Nasreddin, comment orthographiez-vous le mot "magnificence" ?
- Je ne sais pas, dit Djeha-Hodja Nasreddin en continuant de ramer.
- Combien font deux tiers de neuf ?
- Aucune idée.
- Comment calcule t-on la surface d'un triangle ?
- Pas la moindre idée.
- Vous n'avez donc pas appris tout cela à l'école ?
- Non !
- Dans ce cas, la moitié de votre vie est perdue.


À ce moment même, une terrible tempête survint et la barque commença à couler. Les deux hommes se retrouvèrent à l'eau, assez loin l'un de l'autre.
- Dites-moi, Monsieur le savant, dit Djeha-Hodja Nasreddin. Avez-vous appris à nager ?
- Non, jamais ! dit le savant qui se débattait pour ne pas se noyer.
- Dans ce cas, lui cria Djeha-Hodja Nasreddin, ce n'est pas la moitié, mais c'est votre vie entière qui est perdue.



Nasreddin, son fils et l'âne

Djeha-Hoja dit un jour à son fils, alors qu’il atteignait sa douzième année :
- Demain, tu viendras avec moi au marché.


Tôt le matin, ils quittèrent la maison. Djeha-Hoja s’installa sur le dos de l’âne, son fils marchant à côté de lui. A l’entrée de la place du marché, Djeha-Hoja et de son fils furent l’objet de railleries acerbes :
- Regardez-moi cet homme, il n’a aucune pitié ! Il est confortablement assis sur le dos de son âne et il laisse son jeune fils marcher à pied.
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain, tu viendras encore avec moi au marché !


Le deuxième jour, Djeha-Hoja et son fils firent le contraire de la veille : le fils monta sur le dos de l’âne et Djeha-Hoja marcha à côté de lui. A l’entrée de la place, les mêmes hommes étaient là, qui s’écrièrent :
- Regardez cet enfant, il n’a aucune éducation, aucun respect envers ses parents. Il est assis tranquillement sur le dos de l’âne, alors que son père, le pauvre vieux, est obligé de marcher à pied !
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain, tu viendras de nouveau avec moi au marché !


Le troisième jour, Djeha-Hoja et son fils sortirent de la maison à pied en tirant l’âne derrière eux, et c’est ainsi qu’ils arrivèrent sur la place. Les hommes se moquèrent d’eux :
- Regardez ces deux idiots, ils ont un âne et ils n’en profitent même pas. Ils marchent à pied sans savoir que l’âne est fait pour porter des hommes.
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché !


Le quatrième jour, quand Djeha-Hoja et son fils quittèrent la maison, ils étaient tous  deux juchés sur le dos de l’âne.
A l’entrée de la place, les hommes laissèrent éclater leur indignation :
- Regardez ces deux-là, ils n’ont aucune pitié pour cette pauvre bête !
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché !


Le cinquième jour, Djeha-Hoja et son fils arrivèrent au marché portant l’âne sur leurs épaules. Les hommes éclatèrent de rire :
- Regardez ces deux fous, il faut les enfermer. Ce sont eux qui portent l’âne au lieu de monter sur son dos.


Et Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Quoi que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer.

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