Un Shalimar en mieux, voilà ce que j’avais pensé et déclaré à l'époque où je l’ai découvert ! Et je continue de le penser, même si Shalimar, même un rien caricature de lui-même, reste cher à mon cœur.
Bergamote en tête, fraîche, douce, et mêlée à l'angélique qui adoucit les hespérides, les voile légèrement, tout en les gardant toniques par son côté acidulé.
Tubéreuse, rose, jasmin en cœur. Une note de violette, peut-être. Quelques épices et des bois précieux. Un cœur pourtant un peu difficile à se donner, même si immédiatement séduisant, et séducteur : une main de fer dans un gant de velours, une main de velours dans un gant de fer. Les extrêmes s’attirent, se repoussent, se rejoignent, s’épousent et ne se quittent plus.
Comme la froideur de certaines femmes peut envoûter les hommes, ce côté femme fatale qui bien souvent cache une grande sensibilité.
Le fond oriental est assez classique : de l'ambre gris, de la vanille, du benjoin...on se rapproche de la guerlinade. Une sacrée référence. Quand même !
Mais cette vanille-là est une infusion de vanille, douce, un peu transparente, peu sucrée, pas écoeurante, pas dominante dans le parfum, tout en adoucissant la fumée d'encens. Un encens un peu sec, légèrement baumé par la résine de benjoin.
Un petit côté Papier d’Arménie, en moins capiteux.
C'est un parfum qui oscille sans cesse entre moelleux et sec, qui se veloute avant de redevenir un rien âpre, qui se sucre pour mieux révéler ensuite sa facette plus masculine.
Envoûtant, mystérieux, élégant.
Un parfum femme-femme, à l'image de Marlene Dietrich ...
A la fois rêche comme ses costumes de drap de laine, et suave comme sa voix enchanteresse.
Très beau sur peau d'homme aussi, il prend une autre dimension, plus sèche.
Autant Shalimar est un oriental flamboyant, voyant, bruyant, même, parfois, un sari de soie chatoyante, brodé d'or, de sequins et de paillettes, autant Angélique Encens évoque une fragile incandescence, un chuchotement, la douceur feutrée et confortable d’une étole de cachemire.
Un oriental plus discret, plus secret, un parfum pour soi, pour s’abandonner, s’alanguir et rêver…
Un rien mélancolique, mais pas triste, non. De cette mélancolie douce qui émane de la nostalgie de certaines réminiscences. Il incite au calme, à la méditation.
Aussi diaphane que Shalimar est imposant, il n’en a pas moins un sillage qui perdure. On le pense éteint, il revient dans une brise délicate.
Et le pashmina devient voile. Le voile qui couvre une volupté, une sensualité retenues.
Marlene qui chante "La vie en rose" de sa voix inimitable…
Angélique Encens…la première fois que j’ai entendu ce nom, j’ai compris : Encens des Anges.
VDD